Sa devise « L’autel, La croix, la charrue »
- Année et lieu de naissance : 1873-07-18, St-François-de-la-Rivière-du-Sud, QC
- Année et lieu du décès : 1952-10-06, Plessisville, QC
- Nom du père : Vilmer Boulet (1837-1911)
- Nom de la mère : Delvina Blais
- Éducation :
- Ordination : chanoine, prêtre le 1903-05-17 à St-François-de-la-Rivière-du-Sud, QC
- Profession : Prêtre, chanoine, curé
Alfred Boulet (curé de 1922 à 1924)
Fils de Vilmer Boulet et de Delvina Blais, Alfred Boulet naît en 1873 à Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud. À l’adolescence il poursuit des études à Montmagny pour devenir boulanger lorsqu’il décide, à 20 ans, d’entreprendre des études classiques au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. À 30 ans, en 1903, il est ordonné prêtre. Après quelques années comme prêtre auxiliaire au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, il exerce son ministère comme vicaire dans cette paroisse puis dans celles de -Joseph de Beauce et de Lauzon. En 1917 il est nommé curé à Saint-Louis-de-Courville, en banlieue de Québec où il consacre temps et énergie à la reconstruction de l’église qui vient d’être incendiée. En 1921, épuisé, il se voit obligé de prendre une année de repos pendant laquelle il fait un voyage en Europe en compagnie de son frère, l’abbé Auguste Boulet.
Curé à Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud
Au mois d’août 1922, alors qu’il poursuit sa convalescence, il est nommé curé à Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud, sa paroisse natale, où sans tarder les marguilliers lui font part des difficultés financières de la fabrique alors que l’église a besoin de réparations urgentes : le remplacement des pierres cassées aux murs de l’église et de la sacristie, le tirage de joints, la restauration de la toiture, la solidification du clocher, la peinture de tous les murs et l’installation d’un système de chauffage adéquat.[1]
Les rencontres subséquentes, au cours des derniers mois de l’année 1922, entre les marguilliers et le nouveau curé mènent à la décision d’entreprendre les démarches administratives obligatoires pour que ces travaux soient réalisés dans le plus bref délai. Entre-temps, au mois de décembre de la même année, une toute nouvelle innovation dans le village de Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud, le presbytère est doté de l’éclairage électrique.
Mise en marche des travaux
Les anciens et nouveaux marguilliers de la paroisse réunis en assemblée spéciale le 23 janvier 1923 décident de demander à l’archevêché de Québec l’autorisation d’entreprendre les travaux mentionnés plus haut. Sans tarder le 15 février 1923 les paroissiens réunis après la messe acceptent le projet tel que présenté par les marguilliers.
En raison de l’ordonnance rendue à Québec le 21 mars 1923, le curé Alfred Boulet, en poste depuis août 1922, est autorisé par le cardinal Louis-Nazaire Bégin à convoquer et présider une assemblée de paroisse pour procéder à l’élection des cinq syndics qui, sous la présidence du curé, procéderont à la réalisation des travaux.
L’Assemblée des paroissiens du 1er avril 1923 permet l’élection spontanée de messieurs Alphonse Bonneau, Angénard Picard, Arthur Gamache, Gilbert Simard, Césaire Montminy comme syndics. Pendant les mois suivants ces derniers évaluent plus concrètement les travaux qui sont à faire, établissent leur échéancier ainsi que leur coût. Selon leurs calculs la facture totale des travaux s’élèvera à 15 000$ et l’intérêt à payer pour les emprunts à 9 000 $.
À nouveau réunis le 2 septembre 1923 les syndics présentent aux paroissiens présents l’acte de cotisation qu’ils ont élaboré. Comme c’est la coutume à l’époque, chacun des contribuables se voit attribuer une part personnelle à assumer dont il doit s’acquitter en 30 versements successifs à raison de deux par année. Pour rétribuer les entrepreneurs pour les travaux réalisés, les syndics empruntent immédiatement 14 400 $ auprès de 14 paroissiens sans avoir recours à la Banque Canadienne Nationale présente dans la paroisse depuis 1912.
C’est une lourde facture qui s’ajoute à la dette de la fabrique qui s’élève déjà à 15 050 $. Le curé et les syndics nouvellement élus cherchent différentes façons de faire des économies : en tout premier lieu le 16 avril 1923 à une réunion du conseil municipal le curé obtient l’autorisation de se servir des madriers préparés pour la confection de nouveaux trottoirs afin de réaliser les échafaudages nécessaires à la réfection de l’église.
À plusieurs reprises le curé et les syndics convoquent des corvées de bénévoles. Au prône du dimanche à l’automne 1923 et 1924 le curé invite les paroissiens à se rassembler tour à tour sur la terre à bois de la fabrique afin de participer au bûchage d’une grande quantité de bois de construction; au printemps une semblable invitation les invite à se rendre au moulin à scie afin de collaborer au sciage du bois. Le curé et les syndics semblent avoir été persuasifs et avoir choisi de bons chefs d’équipe pour diriger ces corvées puisqu’à la vente du surplus de ce bois les syndics bénéficient d’un montant de 5 700 $ qui leur permet de rembourser plus rapidement les sommes empruntées. D’autre part, inspirés par le bénévolat de leurs co-paroissiens, certains des prêteurs n’ont jamais réclamé l’intérêt qui leur était dû. C’est ainsi qu’après le paiement de 21 des 30 versements prévus dans l’acte de cotisation tous les paroissiens sont libérés de leur engagement.
À la suite de la reddition des comptes pour l’année 1924 par le nouveau curé Léon Viens le 12 janvier 1925, les syndics, les anciens et nouveaux marguilliers confient au nouveau curé le soin d’écrire une lettre de remerciements à leur ex-curé l’abbé Alfred Boulet. Tous désirent lui exprimer leur gratitude pour son dévouement et la qualité de son administration pendant ce court séjour de deux ans et demi dans la paroisse. Ils veulent lui manifester leur reconnaissance pour avoir su faire entreprendre et réaliser ces travaux d’envergure en si peu de temps tout en structurant le paiement de la dette de la fabrique sans grever le budget de qui que ce soit
Préoccupations sociales et éducatives :
À son arrivée dans la paroisse en août 1922, le curé Alfred Boulet avait constaté que la plupart des jeunes garçons quittent l’école après leur 5e ou leur 6e année du cours primaire et, très souvent, se retrouvent sans travail. Pour remédier à cette situation, il prend entente avec le conseil municipal pour mettre sur pied, dans l’ancien presbytère, une école modèle pour garçons dont Adélard Lamontagne fut le titulaire jusqu’à sa mort en 1954. « Dans le Rapport du ministre de l’Instruction publique pour 1872-1873, on peut voir que l’enseignement primaire se subdivise en deux paliers qui correspondent à deux types d’institutions : les écoles élémentaires et les écoles modèles ou supérieures »[2]. Cette école était réservée aux garçons, les filles, quant à elles fréquentaient le couvent des sœurs de la Congrégation de Notre-Dame, ouvert depuis 1764. En attendant, pour occuper ces jeunes chômeurs, il persuade l’entrepreneur F.X. Lambert, à qui les travaux de réparation de l’église ont été octroyés, de leur offrir du travail. Le docteur Albert Dumas dans son autobiographie[3] nous informe qu’il était un de ces jeunes chômeurs engagés par monsieur Lambert et qu’il l’a également accompagné l’année suivante pour participer à la reconstruction de la Basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré. C’était avant qu’il décide de reprendre des études qui le conduiront à son doctorat en médecine. Le docteur Dumas nous relate également que le curé Boulet a été le premier à s’occuper des loisirs des jeunes en permettant l’aménagement d’un court de tennis sur le terrain appartenant à la fabrique en face de l’Église. D’autre part, préoccupé par la très grande pauvreté de certaines familles, il met sur pied, dans une autre partie du vieux presbytère, un ouvroir[4]où des dames bénévoles fabriquent des vêtements pour les plus démunis tout en enseignant, aux femmes qui le désirent, comment le faire elles-mêmes.
Également désireux de présider de belles cérémonies à l’église tout comme ses prédécesseurs, il collabore avec l’abbé Cyprien Morneau, son vicaire, musicien hors-pair, pour doter la paroisse d’une remarquable chorale. Les visiteurs des paroisses voisines étaient émerveillés de la qualité exceptionnelle de la chorale de Saint-François, selon Louis-Philippe Bonneau, qui dans la Chronique de Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud, nous raconte qu’il était du nombre de ces jeunes garçons que le vicaire Morneau eut la hardiesse de rassembler pour former un chœur d’enfants pour célébrer les fêtes de Noël, du jour de l’An et des Rois. Les deux auteurs de la Chronique de St-François[5], Louis-Philippe Bonneau et Robert Lamonde, considèrent cette expérience comme un de leurs plus beaux souvenirs de jeune garçon.
Déplorant l’isolement de ses paroissiens les plus démunis du canton Morigeau et du rang des Prairies qui n’ont pas les facilités pour se déplacer, il décide d’aller y célébrer une messe à toutes les deux semaines, en alternance, dans l’école de ces secteurs.
Néanmoins, en décembre 1924, à la surprise générale, le curé Alfred Boulet quitte la cure de Saint-François. La paroisse de Saint-Ferdinand l’attend puis celle de Plessisville; ce sera pour les 28 dernières années de sa vie les champs de son apostolat.
Il décède à Plessisville le 6 octobre 1952 à l’âge de 79 ans.
Jacques Boulet
Novembre 2024
[1] Les archives de la fabrique : Émilie Boivin, Notes historiques sur la paroisse de Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud.
[2] Fr.wikipedia.org : Histoire de l’éducation au Québec
[3] Autobiographie de Albert Dumas : Publication personnelle
[4] Ouvroir : Lieu réservé aux ouvrages de couture et de broderie.
[5] Bonneau : Louis-Philippe et Robert Lamonde. Chronique de Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud, Imprimerie Marquis 1979